Homélie du 1er dimanche de l’Avent (A)
Abbé Jean Compazieu | 24 novembre 2019
Nous attendons ta venue, Seigneur Jésus
Textes bibliques : Lire
En ce premier dimanche de l’Avent, nous pensons tous à la magie de Noël. Tout le monde en parle déjà en famille, entre amis et surtout dans les magasins. Chaque année, des grandes réjouissances sont prévues. On invite au réveillon, on offre des cadeaux. Le problème c’est que, trop souvent, on oublie Celui qui est à l’origine de cette fête.
Mais en ce jour, la liturgie met entre parenthèse le souvenir de la crèche. Les textes bibliques qui nous sont proposés viennent nous rappeler que ce Jésus qui est venu au premier Noël est aussi celui qui continue à venir et qui reviendra. En ce jour, nous sommes renvoyés vers l’avenir. Jésus reviendra ; nous attendons sa venue et nous nous y préparons activement tout au long de notre vie.
C’est cette bonne nouvelle que nous adresse le prophète Isaïe dans la 1ère lecture. Ce récit a été écrit à l’occasion d’un grand pèlerinage à Jérusalem. On se souvenait des cabanes du peuple Hébreu dans le Sinaï. Pendant huit jours, les pèlerins vivaient dans des cabanes, même en ville. En voyant tous ces gens venus de partout, le prophète comprend que ce grand rassemblement en préfigure un autre bien plus important.
Un jour viendra où ce pèlerinage rassemblera tous les peuples de la terre. La ville sainte deviendra le signe du salut universel ; Dieu a choisi un peuple bien précis, mais son projet concerne l’humanité toute entière. Avec Jésus, nous allons vers un monde réconcilié. Les instruments de mort y deviennent des instruments de vie. C’est vrai que les foyers de guerre sont encore bien présents dans le monde. Mais le prophète nous projette vers l’avenir. Son message n’est pas seulement une prédiction ; c’est surtout une promesse de Dieu. En ce temps de l’Avent, nous sommes invités à le remettre au centre de notre vie. Il est le seul chemin qui conduit vers la Vie éternelle.
C’est aussi cette bonne nouvelle que nous trouvons dans la lettre de saint Paul aux Romains (2ème lecture). Après l’enthousiasme du baptême, un affadissement est toujours à redouter. Aujourd’hui, l’apôtre vient nous secouer : “Réveillez-vous !” Ne retombez pas dans les vices d’avant votre conversion.” Saint Paul nous adresse des injonctions fermes : “Rejetons… Revêtons-nous…” Rejeter, revêtir, c’est le langage de la conversion.
Il n’y a donc pas de temps à perdre pour changer de style de vie. Celui qui s’engage dans cette direction s’apercevra vite que le Dieu de la bienveillance est plus proche de lui que jamais. Saint Paul nous recommande de ne pas nous laisser submerger par les préoccupations matérielles même si elles sont nécessaires. Le chrétien doit regarder plus haut. Sa priorité doit être de rester uni au Christ et de vivre en enfant de lumière.
Dans l’Évangile, nous entendons Jésus nous adresser un appel à la vigilance. Il nous parle de la venue du Fils de l’Homme à la fin des temps. Pour se faire comprendre, il utilise les images les plus dures. C’est important car il veut que nous soyons prêts pour son retour. Cet Évangile n’a pas été écrit pour nous faire peur mais pour nous éclairer. La seule réalité qui compte, c’est la venue du Christ.
L’Avent doit donc être un temps d’intense préparation à cette venue du Sauveur. C’est le moment favorable pour réorienter notre vie vers une juste direction, celle de la générosité, de l’amour envers Dieu et envers le prochain. La venue du Christ nous prendra tels que nous sommes, avec nos consentements et nos refus d’aimer.
Pour entrer dans ce chemin de conversion, nous avons besoin de l’aide du Seigneur. Cela passe par des temps de prière. C’est la recommandation de Jésus au Mont des Oliviers juste avant sa Passion : “Veillez et priez…” Cette prière nous aidera à changer notre regard sur le monde. Elle nous aidera mieux comprendre que ce monde malade, Dieu veut le sauver. Jésus est venu pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Le contact régulier avec lui nous aide à rester plus attentif aux “réalités d’en haut”.
L’Eucharistie qui nous rassemble c’est encore et toujours le Christ qui vient. Il rejoint les communautés réunies en son nom pour les nourrir de sa Parole et de son Corps. Il veut que nous soyons avec lui pour le rejoindre dans son éternité. Nous demandons à la Vierge de l’Avent de nous accompagner tout au long de ce temps de préparation à Noël. Comme aux noces de Cana, elle nous redit : “Faites tout ce qu’il vous dira.” Nous faisons notre cette prière :
” Marche avec nous, Marie, sur nos chemins de foi,
Ils sont chemins vers Dieu, ils sont chemins vers Dieu.”
Télécharger : 1er dimanche de l’Avent
Sources : Missel du dimanche, Missel des dimanches (Bayard), Les Cahier Prions en Église, Revue Feu Nouveau, Pape François, L’intelligence des Écritures (Marie Noëlle Thabut), Lectures bibliques du dimanche (Albert Vanhoye), Année chrétienne 2019-2020)
Merci pour cette belle homélie concernant le premier dimanche de l’Avent. Je ferai attention à bien prier et veiller pendant cette période. Bonne semaine à tous.
Le temps de l’Avent annonce une ‘venue’, un ‘avènement’ qui marque l’histoire de l’humanité. Ces quatre semaines avant Noël préparent le cœur des fidèles à commémorer l’arrivée de Jésus parmi nous. Dès aujourd’hui, nous nous mettons en route vers cette grande fête.
Tous les ans, on veut que Noël soit une fête pleine de joie et de lumières. Certains d’entre nous pensent déjà à la décoration de son salon, de son jardin ou même d’un coin discret à soi pour marquer l’événement. On concocte déjà un bon menu pour le repas en famille… En ville, c’est l’effervescence. Les illuminations se mettent en place. Dans les paroisses, on s’active pour préparer une belle veillée et une messe de la Nativité qui sort de l’ordinaire. Le danger dans cette période, c’est d’être complètement accaparés par le clinquant du temps des fêtes au point d’oublier l’aspect religieux qui nous invite à faire plus de place à Dieu dans notre vie.
Cette attitude superficielle nous rappelle celle des gens qui vivaient au temps de Noé. Beaucoup semblent inconscients de ce qui va leur arriver, ou pire ferment les yeux sur les signes annonciateurs. « À cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Les gens ne se sont doutés de rien… » Ils s’enivraient des plaisirs du moment. Et c’est ce qui se passe encore trop souvent aujourd’hui. Pris dans ce remue-ménage festif, nos esprits s’assoupissent ! Il est urgent de se réveiller.
Loin de nous l’idée de condamner les réjouissances sobres que Dieu nous offre. Respirons à plein poumon le bonheur de vivre. Saisissons les joies simples à notre portée. Seulement Jésus nous met en garde de ne pas nous laisser berner par le plaisir au point d’oublier notre vie intérieure. Ainsi, saint Paul nous recommande : « Frères, vous le savez : C’est le moment, l’heure est venue de sortir de votre sommeil, le salut est là, tout proche. »
Le bien-être matériel ne doit pas nous faire oublier que Dieu est là, au cœur de notre vie. Il attend que nous lui ouvrions la porte de l’âme pour venir chez nous et rester avec nous. Ainsi, la venue du Christ ne doit pas être uniquement pour un temps de Noël, mais au quotidien de notre vie ! Le temps de l’Avent nous invite à nous mettre dans l’attitude de celui qui attend la venue d’une personne qui nous est chère. Plus l’attente est fébrile, plus la joie sera intense au moment de retrouvailles. Et pour que le bonheur soit au rendez-vous, il s’agit d’être actif et bien éveillé. Et surtout, ne nous laissons pas surprendre sans y être préparés.
L’Évangile de ce dimanche nous insuffle un état d’esprit qui anime le veilleur : Se tenir prêts à toute éventualité. L’Avent est un Temps pour s’éveiller à Dieu. Ce chemin intérieur ne nous arrache pas à la joyeuse préparation de Noël. Toutefois, Jésus nous rappelle la vraie priorité, c’est de nous préparer à la rencontre avec Seigneur.
« Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Nguyễn Thế Cường